mercredi 29 juin 2011

Le nucléaire : pour ou contre ?

Est-ce qu'il faut être contre le nucléaire par principe, c'est-à-dire non seulement dans la société capitaliste avec sa production pour le profit, ses bombes à neutron et ses gaspillages, mais aussi dans une société plus rationnelle où l'on produirait pour la seule satisfaction des besoins humains ?

Pas forcément. Bien sûr, il faut rejeter par principe toute utilisation du nucléaire à des fins militaires. En effet les bombes et les essais nucléaires sont beaucoup plus dangereux pour l'humanité que les centrales nucléaires, même si c'est plutôt contre ces dernières que le mouvement anti-nucléaire dirige ses attaques.

De toute façon, dans le système capitaliste où la compétitivité compte avant tout, nous ne pouvons rien pour empêcher aux gestionnaires du capitalisme de construire des centrales nucléaires si de telles centrales produisent effectivement de l'électricité meilleur marché que d'autres types de centrales.

Mais qu'en serait-il après l'abolition du capitalisme, dans une société où l'on produirait pour la seule satisfaction des besoins et non pas pour la vente et le profit ? Il est vrai que la technologie de la fission nucléaire n'est pas encore au point, surtout en ce qui concerne le problème des déchets, pour avoir beaucoup recours à des centrales de ce type ; même si, on peut en être certain, bien avant les millions d'années dont on parle, l'humanité aura trouvé comment « de-radioactiver » ces déchets. On pourrait dire même qu'il faudra limiter de telles centrales au strict minimum et les utilise uniquement en attendant le développement de sources alternatives d'énergie. Parmi ces sources : la fusion nucléaire.

Car le nucléaire ce n'est pas seulement des centrales à fission nucléaire mais aussi des centrales à fusion nucléaire, c'est-à-dire basées sur la fusion d'atomes d'hydrogène pour former un atome d'hélium (réaction identique à celle qui produit l'énergie du soleil). La fusion nucléaire pourra bien être la solution aux problèmes énergétiques de l'humanité à l'avenir une source, quand on l'aura maîtrisée, d'énergie illimitée — la matière première, un isotope d'hydrogène, se trouvant dans la mer en abondance — non polluante, puisqu'il y a moyen de la produire sans déchets radioactifs.

Avec une telle source d'énergie, et dans une société rationnelle, l'humanité pourra éliminer à jamais la faim et la misère dans le monde et appliquer le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». En d'autres termes, ce sera l'abolition de l'argent et l'établissement d'un libre accès pour tous à tout ce qu'il faut pour vivre. Même après l'abolition du capitalisme il faudra donc continuer la recherche dans le domaine de la fusion nucléaire afin de mettre au point aussitôt que possible une centrale à fusion.

On affirme souvent que « la société nucléaire sera forcément centralisée, policière et aliénante ».

Dans le capitalisme certainement (mais pas à cause du nucléaire : un capitalisme sans nucléaire serait — et était quand il existait, jusqu’aux années 5O — tout aussi centralisé, policier et aliénant), mais l'anarchiste Kropotkine a bien compris (dans Champs, Usines et Ateliers) la possibilité décentralisatrice de l'électricité. Elle permet (dans une société rationnelle, non capitaliste) la déconcentration et la décentralisation de l'industrie dans de petites villes de, disons, dix mille habitants et donc beaucoup plus vivables que les agglomérations d'aujourd'hui. Cette possibilité existe indépendamment de la méthode employée pour générer l'électricité.

En conclusion donc :

1° Tant que le capitalisme durera, et tant que le nucléaire sera une source assurée et relativement bon marché d'électricité, on ne pourra rien pour empêcher la construction de centrales nucléaires. Mieux vaut diriger nos efforts en vue de l'abolition du capitalisme.

2° Un recours au nucléaire n'est pas à exclure à priori après l'abolition du capitalisme. Au contraire la fusion nucléaire serait peut-être la solution aux problèmes énergétiques pour les siècles à venir.


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