mardi 16 septembre 2008

Il y a 25 ans (3): Réfugiés économiques

« Je dois protéger l' emploi des Français (...). Les travailleurs clandestins devront quitter la France ». « ll faut renvoyer les immigrés clandestins chez eux ».

Jean-Pierre Stirbois, du Front National, lors d'une réunion électorale à Dreux ? Non, François Mitterrand sur TF1 le 15 septembre et au Conseil des Ministres du 31 août, mais la logique est la même : les immigrés, clandestins ou pas, prennent les emplois des Français ; il faut donc les expulser de France.

II s'agit là de la même logique que celle que le gouvernement nigérian a invoquée pour justifier l'expulsion de millions de travailleurs « non nigérians » en février dernier en se fichant de ce qui allait advenir d'eux après qu'ils aient quitté son territoire. C'est la même logique qui, si le chômage atteignait 3 millions en France, justifierait l'expulsion des immigrés « légaux », comme le demande déjà le Front National. En ce sens Mitterrand donne raison aux 17% des votants de Dreux qui ont choisi la liste Stirbois le 4 septembre.

Mais cette logique est fausse. Ce n'est pas l'immigration qui est responsable du chômage, mais la crise mondiale qui frappe tous les pays du monde; c'est en fin de compte le système capitaliste, dont les lois économiques font que le taux de chômage monte et tombe selon que le taux de profit est bas ou élevé.

Les immigrés clandestins sont donc tout aussi victimes de la récession mondiale que ne le sont les chômeurs français. Ne trouvant pas d'emploi dans leur pays d'origine, ils viennent en chercher en Europe. Ce sont en fait des réfugiés économiques, mais Mitterrand veut les traiter en criminels. Le spectacle de la police traquant des gens qui sont complètement démunis et qui ne cherchent qu'un emploi - n'importe lequel - simplement pour ne pas mourir de faim est encore un exemple du barbarisme du monde moderne capitaliste. Et Mitterrand, malgré ses états d'âme - « tout cela m'est très pénible », a-t-il déclaré sur TF I - n'est qu'un instrument de ce barbarisme.


(Socialisme Mondial 24, novembre 1983)

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